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  • Photo du rédacteurleo22062

Bakso-porn

Dernière mise à jour : 31 janv. 2023



Je ne sais pas si c'est à cause du départ tout frais d'un pote en Indonésie mais Instagram ne cesse de m'envoyer de terribles vidéos de dégustation collective de Bakso géants. Je me suis dit qu'avec le Mukbang coréen c'est sans doute la chose la plus dérangeante qui existe en ligne, je me permets donc d'écrire une petite note sur le sujet.

Tout d'abord, qu'est ce qu'un bakso?

C'est une boulette de viande hachée mélangée (plutôt du boeuf, voire du poisson, exceptionnellement du porc dans les régions non musulmanes) à de la farine de tapioca que l'on trouve partout en Indonésie souvent servie dans du bouillon avec des nouilles. Le genre de boulette qu'on trouve dans les Pho vietnamiens si vous voulez.

Personnellement je trouve ça pas dingue. Il y a un petit quelque chose d'industriel avec le bakso, ou plutôt une inquiétude devant ce produit résolument assemblé dont on n'arrive pas vraiment à sourcer la provenance.

Mais en Indonésie, avec le Nasi Goreng, c'est vraiment le plat de base de la street food. Vous en trouverez vraiment partout, sur l'asphalte des trottoirs de Jakarta et dans tout l'archipel, assaisonné avec différents condiments, piment, satay ou relevé d'échalotes frites.


Bakso-online

J'ai découvert via Instagram qu'il y a un restaurant au centre de l'île de Java, un peu au nord de Jogjakarta où le Bakso fait l'objet d'un rituel qui confine au sacrifice tribal.

Un peu comme pour l'éternelle question de la poule et de l'oeuf, je ne sais pas si le restaurant propose des baksos géants depuis toujours pour satisfaire une demande de sa clientèle ou s'il a créé la demande en proposant des boulettes obèses farcies de dizaines de petites boulettes elles-mêmes cuites dans une sauce rouge et magmatique pour attirer l'attention, jouant du voyeurisme ambiant induit par les réseaux sociaux, même dans le premier pays musulman du monde.

En tout cas, en terme de stratégie marketing c'est gagné, comme l'atteste les 209 000 abonnés du compte Insta de cette modeste gargote.





Dans notre monde hypervisuel où tout se montre dans une débauche de feeds exhibitionnistes il faut d'autant plus prendre le temps pour apprécier l'effet qu'ont les images sur nous à moyen et long terme, passer au delà des premiers stimuli pour accéder à l'interprétation.

J'ai donc passé du temps à scruter le compte Insta de Baksoserasimo Pusat afin d'évaluer ce qui, vraiment, me mettait mal à l'aise dans ces scènes de délectation collective.

D'une part, le bakso en lui-même qui ressemble à une prothèse de chair morte gonflée d'air, une couille de géant lépreux, un goitre boursoufflé.

D'autre part, le rituel où la chose hypertrophiée est disposée sur un plateau, livrée à un groupe de carnivores à l'oeil luisant et à une main, choisie entre toutes, qui, munie d'un grand couteau va se charger de la décapiter ou bien de l'ouvrir en deux sur toute sa hauteur pour laisser exploser un flot de liquide rouge gorgé d'autres boulettes, ça c'est carrément gore.


Ça relève un peu de l'extraction de comédons géants...


Gourmandise ou pornographie?

Le décalage est d'autant plus troublant que le rituel est assuré généralement par de prudes jeunes femmes...

Peut être suis-je bornée ou au contraire peut-être que je vois le mal partout et qu'il n'y a rien de déplacé dans ces scènes de délectation collective...

Peut être aussi est-ce seulement le processus de médiatisation qui rend la chose un peu obscène?

Bref, je ne veux pas épiloguer plus longtemps et vous laisse seul juge devant une sélection d'images que j'ai faite pour vous.

Bonne dégustation !













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