
Délicieuse découverte sur un bord de trottoir
A Tanger, impossible de ne pas tomber sur l'un de ces vendeurs de rue poussant une miam-mobile garnie de grands plats en métal.
Un fois ouvert le grand rabat, on découvre un joli flan tout chaud doré sur le dessus. Au début je croyais que c'était sucré, je me disais que c'était un marchand ambulant de riz au lait, et à la première bouchée, surprise! Un goût noisetté et salé: c'est du pois chiche!
Ma hatha, qu'est que c'est???
Première bouchée= pâmoison! Je demande comment s'appelle cet entremets divin. Je reçois des réponses variables et mystérieuses... Je ne comprends pas vraiment le Darija à part wallah, huya, moujkil, bezef, miskin et tous ces petits mots qui font partie intégrante du slang français, mais j'entends distinctement : garbanzo qui ne m'évoque rien ... à part une vague similitude avec Gabrovo qui est le nom de la ville de naissance de Christo en Bulgarie (mais ça n'a rien à voir)....
A la recherche du flan
Le reste de notre court séjour à Tanger nous n'avons eu de cesse de tester tous les flans de la ville et nous sommes mis à la recherche de ces miam mobiles. Ça n'a pas été difficile d'en trouver même loin des quartiers d'affluence.
Il faut dire que la part coûte 1 dirham, (0,097 euros)prix imbattable. On trouve donc les marchands aux abords des marchés et des écoles, au bas des immeubles ou dans les squares. De quoi faire le plein de vitamine B pour pas grand chose!
A chaque fois qu'on apercevait les piles de métal étincelant, on arrivait en courant et on achetait une part, servie tout simplement dans une feuille de papier marron épais et qu'on slurpe comme on peut. On agrémente le tout de sel et de cumin. D'autres se font étaler le flan dans une demie baguette pour faire un sandwich complet. Moi j'aurais pu manger ça tranquille à la petite cuillère posée sur un toit regardant vers la mer mais bon, on parle de street food ici et comme le nom l'indique, la street food se gobe dans la rue et laisse le bout des doigts gras, ça fait partie du truc.
Origines
A chaque dégustation on pose la même question: comment ça s'appelle?
On entend garbanzo plusieurs fois mais aussi : caliente, qui veut dire chaud en espagnol et qui parait un peu hors contexte (même si le flan est servi chaud, en effet).
Pourtant après une investigation poussée c'est bien comme ça que les Tanjaouis appellent ce flan, rapport aux espagnols qui, comme la France, avaient un protectorat au Maroc (1912-1956) et l'auraient amené jusqu'ici.
Pois chiche international!
Incroyable transfuge donc que ce flan de pois chiche résolument méditerranéen qui, on l'a découvert plus tard, se fait aussi appeler Kalentita ou Karantika en Algérie, à Oran plus précisément, qui apparemment est le vrai port d'entrée de la spécialité au Maghreb (toujours via les espagnols). Nouvelle preuve de l'élasticité des langues et du nomadisme de la gourmandise qui s'embarrasse peu des frontières géopolitiques.
Recettes:
On trouve de nombreuses recettes en ligne, aussi bien sur le site de Marie claire que sur le site de JudaicAlgeria.
Alors, avis aux amateurs! (en plus c'est sans gluten).
*Et au fait, garbanzo, c'est tout simplement le nom savant du pois chiche, dit haricot garbanzo.
Comments