J'avoues, je n'ai jamais pris au sérieux les couleurs du drapeau italien. Le vert des collines , le blanc couleur des neiges et glaciers des alpes, le sang rouge des martyrs de la guerre d'indépendance. Pppppfffff, c'est pompeux.
Je préfère largement voir dans leur drapeau une étole tricolore dédiée au vert du basilic et autres herbes qui fleurent bon la Méditerranée, au blanc lacté de la Mozzarella, Burrata et autre Pana Cotta et au rouge des tomates d'Emilie Romagne.
Verde= Vert
Vert comme le Minestrone au Pesto.
Vert comme les arbres de San Fruttuoso dans la petite baie au large de Camogli.
Vert comme les légumes frais du marché.
Vert comme les plantes qui débordaient de ce restaurant juché dans une tour de béton moderniste.
Vert comme les trains italiens.
Blanc=bianco
Blanc comme les statues, comme les Vénus et leurs petits Cupidons, grands cousins des Madones et des angelots potelés qui ont suivi. On sait maintenant que toutes ces figures couleur de marbre étaient en fait couvertes de polychromies souvent criardes en leur temps, que l'idée de la Grèce blanche est un mythe tant le monde grec était teinté d'Orient. Peu importe, j'ai grandi avec des statues délavées, déteintes, blanches.
Je ne m'en porte pas plus mal.
Je n'ai pas l'impression d'avoir cautionné un terrible mensonge. J'aime ce blanc un peu irréel, ça renforce l'expérience plastique.
Blanc comme la Mozzarella. Douce et crémeuse avec une pointe d'acidité, ronde et avenante comme un petit coussin plein de maternité.
Blanc comme le sucre glace qu'on saupoudre sur les Sfogliatelle (comme sur la photo ci dessous prise chez les Capparelli) ou les petits choux* prêts à être engloutis.
(*En parlant de petit choux, à Naples, il y a les Fioco di Neve , (flocons de neige en français), création assez fine d'un dénommé Poppella (du même nom que le pâtissier de Catherine de Médicis, inventeur de la pâte à choux, il doit y avoir quelque chose de karmique). La première fois que j'ai cherché leur enseigne je l'ai trouvé grâce aux trainées de sucre blanches qui s'étalaient sur le seuil devant la porte. La pierre noire de la Via Arena de la Sanita était toute teintée de blanc cristallin.)
Rouge= rosso
Rouge comme les tomates, rouge comme le sang, rouge comme la lave, rouge comme le velours des fauteuils d'Opéra, rouge comme le Cornicello, cette petite corne qui ressemble à un piment du Sichuan ou à la corne du diable lui-même.
Jaune= Giallo
Outre ces belles couleurs qui évoquent les ingrédients d'une sauce gourmande, il y a une autre couleur qui vibre particulièrement à Naples. C'est le jaune! Jaune comme le soleil doré qui tâche tout dans la ville, jaune comme les citrons qui poussent partout, dans les rues , dans les cloîtres dans les jardins et les vergers et qu'on retrouve jusque sur les faiences qui rafraichissent les cours des villas l'été.
Comments