Je prends rarement les visages en photo parce que je suis timide (un peu) et que c'est toute une histoire de demander la permission aux gens de prendre un portrait d'eux, comme ça, à la volée.
Lâchement je me suis reportée sur d'autres parties du corps. Les mains notamment qui ont beaucoup à dire sur les gens, leur milieu, et par extension la société au sens large.
La main, premier outil de l'homme
Organe préhensile effecteur des primates, premier outil de l'homme, celui qui le différencie des animaux à l'exception du singe, la main permet de saisir l'arme pour se défendre, la pierre pour faire le feu et le smartphone pour ...scroller.
Bien heureusement il existe des situations qui échappent encore au smartphone (quoique, il y a le kit main-libre, mais c'est pas pareil); la cuisine et le service lié à celle-ci en font partie. Là on retrouve des gestes particuliers où l'on perçoit tout le génie, la capacité de concentration et la grande précision de la main directement reliée au cerveau. Elle coupe, elle tranche, elle touille, elle broie, elle enfourne et puis quand le travail est accompli, qu'elle s'est lavée à grande eau puis séchée, elle sert le plat à partager d'un geste de vestale.
Les mains qui mentent
Aujourd'hui sur Instagram, des mains magnifiques et manucurées préparent des plats dans des vidéos accélérées qui donnent l'impression que c'est facile de faire un Paris-Brest. C'est fallacieux.
Les mains qui parlent vrai
Je préfère la sincérité de la main de la cuisinière ou du cuisinier lambda ou au contraire de l'artisan rompu à son exercice quotidien et donc un peu abîmées.
J'aime aussi les mains des grand-mères qui découpent avec soin un gâteau d'anniversaire et celles préposées au tronçonnage du porc laqué armé de la machette d'usage, les mains du bon copain qui mange le fromage râpé avec les doigts et les mains des kids sur leur paquet de bonbons...
Florilège ci dessous.
1.Un Negroni à Naples 2.Pelouse de Reuilly, Nouvel An Khmer 3.Naples chez Capparelli 4.Les pâtes d'amande de chez Hélouin à Rouen. 5. Le porc laqué de chez Mirama, Paris V. 6. Patates frites bulgares, quelque part dans les Rhodopes. 7.Dîner mythique chez Noma, Copenhague. 8.Des fraises Tagada, indémodables. 8. Une tarte aux fraises chez Papa. 9. Un gâteau au chocolat à collerette chez Nainai 9. Un oeuf dur sur la tombe de Maman dans le Berry. 10. Une margarita à Panama.
Je complète ce post avec une photo des mains de la cheffe Julie Dela Faille posées sur le marbre du bar du Dauphine après le service. Fatiguées, tatouées de petits grigris cabalistiques, j'aime beaucoup cette photo de fin de soirée.
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