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Pluie danoise et terroir nordique

Dernière mise à jour : 4 juin 2022

Printemps blême en Scandinavie


Au mois d'Avril à Copenhague, on ne se découvre pas d'un fil.

Vous serez même probablement accueilli par une pluie dense et un vent oblique qui rendent l'expérience de l'arrivée dans la ville particulièrement désagréable.

Pourtant, quand on vient de Paris on se pense habitué à une pluviométrie abondante, mais on réalise vite que la pluie scandinave est autrement plus engageante que le crachin français. En un coup d'oeil sur les cyclistes qui défilent sur les pistes, recouverts intégralement de capes imperméables, on comprend vite que l'on est sous équipé et qu'il va falloir trouver des refuges partout dans la ville.


Iconographie danoise


Les musées sont d'excellents refuges. Et Copenhague en compte quelques uns. Optez pour la National Gallery par exemple, histoire de revoir les toiles de Vilhelm Hammershøi exposées y a quelques années à Paris. En revoyant ces scènes pleines de sobriété, ces parquets clairs, ces encadrements de porte et ces fenêtres à travers lesquelles darde une lumière timide, on se dit que décidément, les danois ont une sensibilité particulière pour capter les intérieurs mais que c'est somme toute plutôt naturel dans une contrée où l'extérieur est si froid et si hostile.


Une autre toile d'un certain Eckersberg, attire également l'attention. Elle s'intitule "Street Scene in Windy and Rainy Weather" (comme quoi, le climat est un genre à part entière dans la peinture danoise) et représente 3 personnes dont les corps sont tout engagés dans une marche inconfortable, l'une bravant le vent de face avec un parapluie, les autres rÉsistant contre la pression du même vent qui menace de retourner robes et chapeaux. En fait, le peintre a plutôt mis l'accent sur les mouvements du vent dans les vêtements et n'a pas trop rendu compte de la terrible pluie qui s'abat sur les protagonistes. D'ailleurs il y a quelque chose qui ne colle pas dans cette toile puisque les sujets sont en manches courtes, mais bon , peu importe...

Il y a autre chose qui retranscrit très bien le décor danois dans ce tableau, c'est le long mur de briques sombres, incroyablement régulier, sur lequel se détachent les personnages, ces briques on les retrouve partout dans les rues de la capitale et elles sont, comme la pluie froide et dense, des éléments constitutifs de l'ambiance de Copenhague.


Street Scene in Windy and Rainy Weather_Eckersberg

Mais bon, parlons miam! Car après tout, c'est l'axe de ce blog, même si à vrai dire il faut toujours donner à voir les lieux avant de se les mettre en bouche. C'est chose faite avec Hammershøi et Eckersberg donc passons à un autre refuge:


Les halles Torvehallerne (Frederiksborggade 21), petit marché couvert et chauffé où se déploient de jolis stands pleins de bonnes choses à manger.


En déambulant dans les allées proprettes du marché, on fait un premier constat: les cavistes vendent du vin français et italien, les restaurants vendent des focaccias, des sushis, de la charcuterie bolognaise et des huiles grecques. C'est plutôt normal quand on pense au maigre répertoire endémique de ces régions de froid.

Mais n'allez pas croire qu'il n'y a rien de local au Danemark.


Délices de la mer


Pour découvrir ce que le pays recèle de meilleur, il faut aller trainer vers les étals des poissonniers. C'est là que le voyage commence, là que se déroulent des paysages entiers composés de monticules de poissons aux écailles brillantes, aux nageoires fuselées, ils sont là, luisant de fraîcheur à vous regarder de cet œil surpris de l'animal qui a été capturé sur le vif.

Il y a aussi des piles de langoustines avec leurs longues pattes et leurs pinces qui ne servent plus à pincer grand chose mais qu'on imagine bien sucer comme une longue paille. Et d'autres espèces encore qu'on connait moins en France.


Avisons donc la poissonnière, blonde comme les blés et demandons lui de nous montrer la pêche locale. La jeune femme dégaine aussitôt une gigantesque seiche et présente fièrement l'animal: "Danish calamari", dit elle avec un grand sourire. C'est vrai que la bête est belle, on dirait une longue robe plissée flanquée d'une traine.


Puis, de ses mains gantées elle désigne des crabes géants, de véritables monstres marins comme en avait imaginé Jules Verne, eux sont originaires de Norvège.



Puis elle saisit un petit poisson, moins spectaculaire, qu'on appelle le fjoessing, un poisson tout à fait quelconque pour les locaux mais qui est, du reste, doté d'un petit pic venimeux situé pas loin des ouïes et qui a la chair fine.


Puis, elle finit par brandir une sorte d'andouillette rosée et brillante que le néophyte prendrait plus facilement pour une charcuterie carnée que pour un produit de la mer, et qui s'avère être la rogue (dite encore gonade) (cod roe en anglais) de la femelle cabillaud, ou, plus précisément, une poche remplie d'ovules, et plus schématiquement encore une grappe d'oeufs tenus ensemble par une membrane transparente. Un peu effrayant, mais délicieux. Si, si.



Délices maraîchers


Après ce voyage marin on peut se diriger vers les étals des primeurs situés à l'extérieur des halles, histoire de voir ce qui pousse au Royaume de Danemark. Une charmante jeune fille emmaillottée dans plusieurs couches de pulls confie qu'à cette époque de l'année il n'y a pas grand chose de local. A part peut être de jolies asperges vertes, du cresson et des pommes de terre.



La visite finie on peut boire un excellent café Kenyan servi par un barrista nordique plutôt serviable et réfléchir à l'incroyable aventure migratoire des aliments dans le monde... tâchons de nous figurer comment un peuple se construit siècle après siècle dans un pays où rien ne pousse pendant plus de six mois de l'année...


Des tartines et un dîner au Noma


Mais heureusement (ou non) nous sommes en 2022, on trouve de tout partout, les mesures anti covid se relâchent légèrement, l'étalage du poissonnier aura mis le gourmand en appétit et lui aura donné l'envie d'explorer ce fameux terroir nordique avant de mourir de froid. Pour cela, deux options, deux lieux à visiter, le Café & Ølhalle "1892" vieille maison qui sert du smørrebrød (les fameuses tartines de pain noir rehaussées d'ingrédients variés) et le Noma, sanctuaire de la gastronomie mondiale. L'un vous coûtera environ 40 euros et l'autre à peu près 10 fois plus! La suite au prochain épisode.







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