Rdv à La Chapelle avec Chloé Vasselin
Il y a quelques jours, j'ai suivi une balade gourmande du quartier de La Chapelle menée par Chloé Vasselin, spécialiste émérite des boui-bouis parisiens.
C'était super même si je n'ai pas pu suivre le parcours en entier parce que mon fils s'était trop vite gavé de délicieux chicken rolls et était un peu fatigué. En un périmètre allant des Bouffes du Nord à Louis Blanc j'ai vraiment eu l'impression de faire un petit voyage entre le Tamil Nadu et le Sri Lanka (les deux terres des Tamouls) où j'ai gouté et compris plein de choses.
Chloé a une vraie histoire avec la cuisine tamoule qu'elle a découverte à travers une amitié d'enfance. C'est dans l'intimité de la cuisine de Krishani qu'elle a été initiée à cette cuisine particulière, pleine de noix de coco fraiche râpée avec du piment, de légumineuses en veux tu en voilà, pois, lentilles de toutes les couleurs, de gombos, tamarin et de concombres amers, bien différente de celle de l'Inde du Nord qu'on sert plus communément dans les restaurants indiens, notamment ceux du passage Brady.
Un Chai chez Nissan
On a commencé directement par un petit Massala Chai chaud et épicé, versé avec maestria par un monsieur qui vendait toutes sortes de samosas et autres chaussons frits (dont les chicken rolls que Jojo a goûté trop tôt!!).
Des amulettes badigeonnées de KumKum
Puis on s'est dirigés vers une épicerie à l'entrée de laquelle pendait une amulette végétale qui a attiré mon attention. On en a ensuite revu au seuil de tous les commerces, restaurants, salons de thé ...
Il s'agit d'une amulette contre le mauvais et œil et la malchance. On le voit beaucoup en Inde accroché aux commerces, à certaines maisons ou dans les rickshaws. Piments et citrons, souvent badigeonnés de kumkum (poudre rouge) pendouillent à une corde. Chloé le mentionne dans son Guide du Boui-boui, page 55.
J'ai trouvé extrêmement beaux ces agencements vernaculaires, le contraste du vert et du rouge, rappelant la nature brute et le sang...
Beauté informelle de la marchandise
Ensuite on est entrés dans une épicerie qui paraissait toute petite vue de l'extérieur mais qui recelait des trésors amoncelés dans des salles arrières. J'adore les piles de sacs...Depuis que je prends des photos Rue du Faubourg du temple, je suis même un peu obsédée par les formes quasi sculpturales que peuvent prendre les amoncellement de denrées. Il y a quelque chose de simple et d'imposant à la fois. C'est la matière brute, les sacs de riz, la farine etc...présentée là, sans les apprêts de la jolie cuisine instagrammable.
A l'extérieur, pareil, des montagnes de filets d'oignons oranges, qui créent des paysages insolites posés sur l'asphalte.
C'est qui le gars en treillis camouflage ?
Et puis très vite j'ai posé à Chloé la question à 1000 balles, qui est le gars en treillis militaire qu'on voit affiché devant tous les commerces Tamouls??
Et bien il s'appèle Velupillai Prabhakaran et, vous vous doutez bien que si on le voit toujours en uniforme c'est qu'il y a des chances qu'il ne soit pas un grand pacifiste. Et pourtant, j'ai découvert en lisant sa fiche Wikipédia qu'il a été élevé dans une famille tranquille qui suivait les principes de non violence de Gandhi... Ça ne l'a pas empêché de devenir le leader sanguinaire des Tigres Tamoul, groupe indépendantiste qui a mené une guerre de vingt six ans qui a ravagé le territoire Sri Lankais. Il parait que le mec était fan de films hollywoodiens et que la guerre était pour lui une manière super de performer des films d'action dans la réalité et que c'est lui qui a lancé la mode de l'attentat suicide avec des explosifs cachés sous les robes de fillettes...A sa mort en 2009, même les mecs de son groupe séparatiste n'en pouvaient plus et la guerre s'est arrêtée... Ouf... Donc à l'avenir sachez que le petit monsieur un peu ventripotent et à l'étroit dans son treillis militaire sur le poster, c'est pas un gentil.
Snacks à gogo chez Pillayar Corner
Le quart d'heure histoire s'arrête là.
Côté bouffe, la palme du snack revient à Pillayar Corner où Chloé nous a fait goûter des Medu Vadai qui sont des beignets aux légumes ou au pois chiche, un roti à la pomme de terre et aux légumes accompagné de sambol (sauce piquante à la noix de coco) tellement bonne que j'en ai acheté une barquette pour 1 euro que j'ai mangé avec du riz toute la semaine qui a suivi.Ce qu'il y a de cool chez Pillayar Corner c'est qu'on trouve des photos de tous les snacks dûment nommés à l'extérieur du bouib. Idéal pour les néophytes.
Corner / Pillayar Restaurant
16 rue Perdonnet 75010 Paris
Kottu-confort
Plus tard j'ai découvert les délices du kottu : plat iconique du Sri Lanka, dont Chloé dit qu'il est idéal pour un lendemain de cuite (elle n'a pas tort). Il consiste en un émincé de roti (pain) avec légumes et parfois de la viande. Pour tout vous dire ça m'a rappelé un peu le chaobing 炒饼chinois mais avec plus de nuances; la version chinoise c'est une grosse galette émincée sautée avec beaucoup- beaucoup d'huile et d'ail alors que dans le kottu on trouve de la carotte du chou, des petits pois, sans compter le goût du gingembre des oignons rouges et des feuilles de curry fraîches.
Pour tout vous dire, cette balade m'a laissé sur ma faim!!
Mon fils voulait rentrer mais moi j'aurais bien encore mangé un Thali, un curry de crabe et pour le dessert, un Iddayapam « nid » de nouilles de riz servi avec du sodhi (curry de lait de coco)...
De quoi rouler jusqu'à la Gare du Nord où se trouvent encore de plusieurs établissements qui servent des Dosa magnifiques et fines qui prennent toute la table tellement elles sont grandes. Hhhhmmmm...
Gare du Nord= India Town
Ah! et d'ailleurs Chloé m'a expliqué que beaucoup d'immigrés du sous continent indien se sont fixés dans le quartier de Gare du nord car c'est de là que, dans les années 80, ils espéraient prendre un train pour rejoindre l'Angleterre mais à l'époque c'était Margareth Tchatcher qui était premier ministre et les portes du Royaume Uni sont restées fermées. Tamouls, Bengladeshi et autres pakistanais ont donc posés leur valise ici.
Affaire à suivre...!
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